Du 24 au 29 Août s’est tenu en Hollande le festival 2019 de l’Union Internationale du Cinéma (Amateur), l’UNICA. Les organisateurs ont sollicité en début d’année la FFCV pour qu’elle leur propose un membre français pour le jury. Notre fédération s’est donc mise en quête d’un représentant possédant une maîtrise suffisante de la langue de Shakespeare. Bertin Sterckmann, président de la 2ème région, m’a sollicité et j’ai accepté. J’ai donc représenté la France au jury du festival 2019 de l’UNICA.

Cette expérience enrichissante dans un milieu que je ne connaissais pas, m’amène à partager ici quelques réflexions.

D’abord c’est une organisation grandiose avec le mot spectacle présent à tous les étages : Une soirée d’ouverture digne des Jeux Olympiques, une salle de projection exceptionnelle, une météo magnifique (à l’UNICA on peut tout commander et tout obtenir, et pour l’année prochaine, à Birmingham, ils ont déjà commandé du froid et de la pluie), des excursions organisées très intéressantes et même les délibérations du jury ont été traitées en show à l’américaine, avec un débat en public et une mise en scène sommaire des discussions qui avaient déjà eu lieu (en bien plus intense) dans le secret de la salle de délibérations.

La composition du jury a été très hétéroclite et intéressante : deux jeunes jurés issus du cinéma professionnel, Johana venant d’Estonie et Tomek de Pologne nous ont apporté un regard incisif, technique et expérimenté. Vincenzina, italienne et professeur de français est venue avec une approche analytique et littéraire. Votre juré préféré (enfin je l’espère), moi-même, j’ai une approche plus intuitive et émotionnelle. Enfin Rob, hollandais et président du jury, cinéaste depuis de longues années et spécialiste des prises de vues en avion a eu un rôle de modérateur éclairé. Pour compléter cette équipe, je ne saurais passer sous silence la présence de Rolf qui a coordonné les travaux du jury, sans jamais intervenir dans les débats.

Le premier enseignement qui me vient à l’esprit, c’est la nécessité impérative d’une maîtrise minimale de l’anglais, d’abord parce que les débats et les échanges finissent toujours par se terminer en anglais, surtout quand ils deviennent plus vifs, ensuite parce que les films projetés sont pratiquement tous en anglais ou sous-titrés en anglais.

Le deuxième enseignement : le festival de l’UNICA est un festival international et les spectateurs ainsi que le jury viennent de tous les horizons et l’anglais n’est souvent pas leur langue quotidienne. Il faut donc éviter les films avec de longs discours alambiqués et les sous-titres sur 2, 3 voire 4 lignes qu’on n’a pas le temps de lire et de comprendre, surtout quand ils n’apparaissent que quelques secondes.

La durée d’affichage d’un sous-titre doit permettre de le lire deux fois, voire plus si le langage n’est pas celui du spectateur et que le texte est long. Il faut donc proscrire les poésies, les longs commentaires et les dialogues qui fusent à la vitesse de la lumière. Je salue tout particulièrement certains auteurs du Royaume Uni qui ont pris la peine de sous-titrer dans les trois langues officielles de l’UNICA, l’allemand, le français et même l’anglais pour faciliter la compréhension. Il faut cependant se rappeler que nous sommes des cinéastes, que le cinéma c’est de l’image et que pendant qu’on lit les sous-titres, on ne regarde pas les images, aussi belles soient-elles.

Le festival de l’UNICA est un festival de cinéma amateur, même si le mot ‘’amateur’’ a une connotation qui fait un peu peur. L’UNICA distingue donc le cinéma professionnel dont le but est commercial et le cinéma non professionnel dont les objectifs sont plus divers mais toujours non destiné à être commercialisé. On va donc y trouver les amateurs, ceux qui aiment le cinéma et veulent le pratiquer en fonction de leurs goûts, de leurs moyens et de leurs aptitudes. Le but premier des fédérations est donc de les aider à améliorer ces trois critères, mais ça, c’est un autre débat.

Restent les cinéastes issus des écoles de cinéma. Ils ne sont pas encore des professionnels, mais ils en ont les goûts, les connaissances et parfois les moyens. L’UNICA les accepte donc comme non professionnels mais les classe à part dans le palmarès séparé, en soulignant les qualités évidentes de leur œuvres.

Enfin, j’ai été frappé par le grand nombre de films de jeunes et par leur qualité, alors que nous, en France nous avons beaucoup de mal à les attirer. Peu de ces jeunes cinéastes étaient présents pour des raisons évidentes de coût du déplacement et de l’hébergement. J’ai cependant pu discuter avec certains d’entre eux. Ils sont passionnés et font preuve d’une grande fraîcheur. J’ai cependant été frappé par l’aspect existentialiste, sombre et inquiet de beaucoup de leurs réalisations. Est-ce leur pensée profonde ou le fait de savoir que les jurés professionnels jugent plus favorablement une œuvre philosophique et introspective qu’une comédie légère et insouciante ?

Je voudrais encore souligner la qualité du programme YUW (Young Unica Workshop). En une semaine, encadrés par des professionnels, des équipes de jeunes conçoivent, élaborent et réalisent des films sur une thématique imposée.

Pour conclure, faisons les films qui nous plaisent, et laissons parler les images. C’est ça notre cinéma. Bons films !

Denis NOLD